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SAINT ROCH ET SON MUSÉE
L'exécution de ce bijou (Chapelle de St. Jean Baptiste) est d'une rare
perfection. En France, nous n'avons rien, ni n'aurons probablement rien
qui puisse être comparé à ce genre. – OLIVIER MERSON.
L'église de St. Roch édifiée à la fin du XVIe siècle, mais
reconstruite après le tremblement de terre de 1755, n'offre pas,
extérieurement, un grand intérêt architectonique. Intérieurement, c'est
un temple d'une seule nef sans magnificence qui attire les regards.
Pourtant, ses décorations de marbres, ses mosaïques florentines, ses
œuvres en relief dorées sont notables. Le plafond de bois, peint à la
fin du XVIe siècle, est un bel exemplaire de l'époque.
Ce qui confère cependant à St. Roch son titre de monument national,
c'est sa fameuse chapelle de St Jean Baptiste.
D. João V, le roi le plus opulent et le plus magnanime de Portugal, la
fit exécuter intégralement à Rome, en 1742. On peut la considérer, sans
la moindre exagération, comme un bijou incomparable d'art religieux.
Depuis le plan architectonique de Salvi et Vanvitelli, jusqu'aux plus
insignifiants détails de décoration et au plus ordinaire objet du culte,
tout ici a un cachet d'art et de richesse vraiment exceptionnel.
L'admirable ensemble, dont le prix s'est élevé à plus de 225.000 livres
sterling, fui exécuté par les artistes romains les plus célèbres de
l'époque: sculpteurs, mosaïstes, ouvriers sur métaux, orfèvres,
ébénistes et brodeurs comme Rotolini, Arrighi, Giovannini, Francisco
Guerrini, Palmini, Eurico Enuo, Mattia Moretti, Massucci, etc. Les
matières dont elle fut construite: améthyste, lapis-lazuli, porphyre,
jacte, albâtre, etc., constituent la plus riche collection de marbres
qu'un petit ensemble architectonique puisse réunir. À cette variété de
matières riches, vient s'ajouter le bronze des festons, des chapiteaux,
des stries et autres ornements magistralement ciselés.
Et tout se fond dans une harmonie de tons et de proportions qui surprend
et émerveille.
L'ameublement, les parements et les autres objets liturgiques
appartenant à la Chapelle et d'une rare somptuosité, se trouvent réunis
et exposés, avec une intelligente distribution, dans deux grandes salles
de l'étage supérieur reliées par une galerie et constituent un des plus
beaux musées d'art religieux du monde entier.
Bertaux le trouve «sans égal pour l'étude de l'orfèvrerie
baroque».
En effet, on peut y admirer les plus fameuses pièces d'orfèvrerie
italienne du milieu du XVIe siècle, telles que candélabres,
torchères, encensoirs, navettes, canons d'autels, reliquaires, ciboires,
etc.; soit en argent doré, soit en bronze ciselé par les maitres les
plus renommés de Rome: Arrighi, Miglie, Gagliardi, Spinazzi, Gigli,
Vendetti, etc.
En outre de ces préciosités, on peut aussi admirer au musée une
collection complète et richissime de parements: devants d'autels,
chapes, chasubles, dalmatiques, étoles, manipules, etc., dans lesquels
figurent les tissus les plus rares et à la confection desquels
collaborèrent les plus fameux maitres brodeurs, comme: Saturni, Bovi,
Abondio, Mariani, et les Salvanti.
Les livres, missels, évangéliaires, recueils d'épitres, reliés en
maroquin sont de Gerardi.
Aucun des étrangers qui visitent Lisbonne ne doit laisser de voir St
Roch, où, beaucoup mieux qu'en Italie même, on peut avoir une vision,
parfaite de ce que fut l'orfèvrerie de ce beau pays dans une de ses plus
fécondes périodes de production.
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