LES MONUMENTS RELIGIEUX DE PORTO


La CATHÉDRALE de Porto date exactement de I'é-poque ou le Portugal prend figure d'unité politique à pari, différencié dans I'ensemble de l'Espagne mediévale aux prises ave c les maures, à un moment décisif de cette longue croisade de la reconquête du sol.
11 semble bien que la fondation de la CATHÉDRALE de Porto soit due à l'infante D. Thérese, fille du roi de Castille Alfonse VI, et mariée à un noble bourguignon, D. Henri, que le conquérant de Tolede distinga en lui confiant de gouvernement de Ia marche de sudouest, avec le titre de comte de Portugal.
Mais il semble encare plus certain que I'reuvre ne fui achevée que quelques 50 aos plus tard, lorsque le comté de Portugal était devenu déjà un Royaume indépendant, sous Alfonse Henriques, fils de Thérese et de ce comte doo Henri.
La tradition attache à cette reuvre le souvenir de D. Mafalda, la femme du premier roi. Et les documents prouvent qu'en effet elle fit des donations de rentes considérables, destinées à I'achevement de I'église de Ia ville qui devait donner soo Dom à la nationalité nouvelle.
Le siege épiscopal confié par D. Thérese à un clerc de Cluny nommé Hugo, vil grandir parallelemeDi soo influence politique et ses revenus, pendant les premiers regues.
Les deux tours de le CATHÉDRALE avec Ia Vierge
au milieu deviennent les armes de Ia ville.
Le bourg de Porto, ruis sous I'autorité de I'évê
que, se développe pendant la premiere dynastie.
Et lors de Ia crise nationale de 1383, le chapitre contribue avec 3.000 livres d'argent aux trais de Ia défense du pays contre l'invasion de I'héritier castillan.
A I'époque de Ia Renaissance, des changements sont opérés dans Ia structure de Ia CATHÉDRALE; on remplace par des vofites de graDil la couverture du transept, qui était jusqu'alors, d'apres un témoignage, (en caissons de boiseries à Ia mosai'que».
Mais c'est au XVIII e siecle que le chapitre (sede vacante de 1717 à 1741) décide de renouveler au gofit du jour I'aspect ancien et (démodé» de I'église du x II e . Le portail romain fui ainsi remplacépar I'actuel; les piliers et les chapitaux primitifs, mutilés et cachés par des stucks néo-classiques, les vofites de pierre masqués par des plâtres aux fades ornements, bref, au Dom de I'art on y commit les attentats les plus graves dont une restauration en cours cherche à diminuer Ia portée (vair planches n.OS 1 et 6).
Dans le croisillon nord, un autel en argent, reuvre de deux artisans portugais du milieu du XVII siede, est une piece fiche, échapée, à grand peine, aux invasions et aux luttes du dernier siecle.
Le doUre gothique (vair planche n. o 7), modifié également au XVIlle, garde néanmoins le tracéoriginal, dans soo ensemble.
Digne d'être vu, aussi, est un tombeau sculpté avec Ia statue gigante d'ull' chevalier de Rhodes, du XIV e, dans I'ancienne chapelle de St. jacques (vair planche n/' 7).


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Les tours, primitivement terminées par des cré
neaux, qui donnaient à ce bâtiment I'air de ce qu'lI
était alors, une forteresse épiscopale aut_nt qu'un
tem pie catholique, furent surplombés de coupoles flanquées de quatre obélisques style balustrade du XVIII.
On a découvert, lors des récents travaux de restauration, les vestiges c1airs des archivoltes et des colonnettes de Ia primitive porte, sous cette énorme rosace de granit qui, elle, n'a pas subi le vandalisme des réformateurs.
CEDOFEITA est une petite église romane, de voílte en berceau caractérisée par ses arcs de plein cintre (voir planches n.OS 8 et 9).
Une tradition légendaire prétend qu'elle aurait été bâtie en conséquence d'un vc:eu, par un roi sueve ou wisigoth dont un flls, souffrant, aurait obtenu guérison grâce à St. Martin de Tours.
Historiquement, on n'en connait rien d'antérieur à 1118 et 1120, dates auxquelles on peut affirmer que cette petite église existait déjà, appartenant aux bénédictins.
Tout récemment (1933) elle a été restaurée et débarrassée des éléments étrangers qui masquaient sa vraie physionomie.
L'EGLlSE DE SAINT FRANÇOIS commencée vers Ia fin
du XIVe siec1e, a df1 être achevée en plein xve. C'est un temple de transition, entre le roman et le gothique, aux nefs sans contreforts (voir planche n.O 13). On y volt une admirable rosace, sur Ia façade prin
cipale, ou un portall baroque, du XVlle vint cacher I'ancien (voir planche n.O 10).
On croit voir les portraits du roi jean I et de sa femme, Philippote de Lancaster, dans une composition murale, ires détériorée et masquée d'affreux repeints, connue sous le nom de lá Veirge à la Rose (vair planche n.O 12).
SAINT-CLAIRE, fondé par ce même roi jean I et soo fils, I'Infant Saint D. Fernand, lequel I'a inauguré solennellemeilt en 1416, le couvent des Clarisses de Porto ne garde de sa premiere construction que quelques détalls, leis qu'une petite porte, une gargouille, ele.
Le portall est un assez curieux mélange d'éléments gothiques et de Ia Renaissance, laquelle s'y annonce déjà nettement (voir planche n.O 14).
L'intérieur du temple est presqu'entierement re-couvert de bois sculpté et doré, espete d'ornement ires répandu aux XVII et XVIII siec1es, dans tout le pays (voir planche n.O 15).
On cherchalt ainsi à donner une impression de richesse qui dans cette église est particulierement heureuse.
ST. PIERRE DE MIRAGAIA. II semble que des chrétiens chassés de Constantinople par les turcs en 1453, des arméniens, auraient apporté avec eux les réliques de St. Pantaléon, qu'ils auraient déposées dans cette église, fondée alors.
Toujours est-II que non loin de là existe encare
aujourd'hui Ia « rua Armenia), témoin de ce fait.
Le cadavre du saint fui plus tard transféré à Ia Cathédrale et 11 devint même le patron de Porto.
Le maitre-autel de cette église est un excellent échantillon de ces boiseries dorées au gof1t touffu et tourmenté (voir planche n. ° 16).
Un primitif du xve ou XVle, assez vaguement c1assé comme flamand, y représente Ia Pentecôte, avec un donateur sur un des volets (voir planche n.O 17).
ST. BENOIT DE VITORIA, église du couvent béné
dictin bâti sur l'emplacement de I'ancienne juiverie de Porto - peut-être même sur Ia synagogue dont elle


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semble garder les proportions-fut construite à Ia fio du x V le par Diogo Marques, qui s'est inspiré de l'église du jesu, de Rome.
D'une opulence rare en bois sculpté, les stal1es du chreur et soo exhubérante décoration (voir planche n. ° 20) - en rinceaux et chérubins - qui encadre 30 tableaux en relief polychromes, représentant des scenes de Ia vie de saint Benoit, constituent, avec ses deux grandes orgues (voir planche n.O 19) un ensemble somptueux et caractéristique de cet art religieux.
Les deux temples CARMÉLITES, qui, en face
de l'Université, s'élevent côte à côte (voir planche n.O 21), indiquent le sens de l'évolution du baroque vers le rococo. Le premier fut construit en
tre 1619 et 1628. Le second, fiche jusqu'à I'exces, .
date de 1756.
L'église et Ia tour des CLERIGOS (voir planche n.O 22), commencées I'une en 1732 et I'autre en 1748, étaient terminées en 1763. La tour, de I'italien Nazoni, haute d'environ 75 metres, est d'une rare élégance de proportions et de sillouette.
Fil1alement, l'église de Ia confrerie de Ia M/SE-R/CORD/A (voir planche n.O 23), datant de 1750, remplace un tem pIe de Ia même invocation, bâti au XVI siecle.
De l'église primitive iI ne reste, dans de petit Musée annexe, que quelques peintures remarquables, dont le célebre panneau Fons Vit(E (voir planche n.O 24).



 

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